Le 18 septembre 2025, l’ITAA a participé activement au CFE Tax Symposium 2025, organisé dans le cadre historique de l’Oude Vismijn à Gand. Ce prestigieux symposium international, placé sous le thème ‘Taxation in Transition: Compliance, Rights & Innovation in a High-Data World’, a réuni des décideurs politiques, des experts fiscaux, des représentants des administrations nationales et européennes, ainsi que des universitaires venus de toute l’Europe.
Le symposium a permis d’explorer les défis et opportunités d’une fiscalité en pleine transformation, dans un monde de plus en plus axé sur les données et la technologie.

Gand, un choix symbolique
Dans leurs discours d’introduction, Bart Van Coile, Président de l’ITAA, et Jeroen Jacobs, Administrateur Grandes Entreprises au SPF Finances, ont souligné que Gand n’avait pas été choisie par hasard. La ville incarne une longue tradition de résistance à l’autorité fiscale. En 1539, les Gantois ont refusé de payer les impôts exigés par Charles Quint pour financer ses campagnes militaires. Bien que né à Gand, l’empereur réprima la révolte en humiliant les chefs rebelles, les forçant à défiler en sous-vêtements, corde au cou. Depuis, les habitants de Gand sont surnommés les Stroppendragers (porteurs de nœud coulant), symbole d’un esprit libre et revendicateur qui perdure encore aujourd’hui.

Trois panels, trois thèmes essentiels
Panel 1 – Politique fiscale internationale et européenne
Le premier panel, « Politique fiscale internationale et européenne », a réuni des intervenants de premier plan tels que Benjamin Angel (Commission européenne), Felicie Bonnet (OCDE), Jorge Ferreras (Ministère des Finances, Espagne), Helen Pahapill (Ministère des Finances, Estonie), Prof. Dr. Georg Kofler (Université de Vienne et président du CFE ECJ Task Force) et Aleksandar Ivanovski (CFE Tax Advisers Europe).
Les débats ont porté sur la mise en œuvre des Piliers 1 et 2 de l’OCDE, destinés à adapter le système fiscal international à une économie mondialisée et numérique.
– Pilier 1 vise à répartir les droits d’imposition des bénéfices des multinationals en fonction des pays de consommation, indépendamment de la présence physique.
– Pilier 2 introduit un taux minimum mondial de 15 % pour les multinationales, afin de limiter la concurrence fiscale entre Etats.
Malgré ces ambitions, la mise en œuvre reste incertaine en raison de la complexité technique et des tensions géopolitiques. Les récentes déclarations du président américain Donald Trump contre ce taux minimum mondial illustrent combien les vents politiques peuvent fragiliser la coopération internationale.
Panel 2 – Transparence fiscale et droits des contribuables
Le deuxième panel, « Transparence fiscale et droits des contribuables », réunissait Reinhard Biebel (Commission européenne), Philippe Vanclooster (membre du Conseil de l’ITAA), Raluca Enache (KPMG EU Tax Centre) et Eduardo Gracia Espinar (Ashurst EMEA).
L’ITAA y a rappelé un principe fondamental : même en cas de déclaration préremplie et de modifications introduites par le contribuable si les données ne lui semblent pas correctes, la charge de la preuve doit rester à la charge de l’administration. La digitalisation ne doit jamais se faire au détriment des droits des contribuables.
Autre point crucial : la protection du secret professionnel des conseillers fiscaux. L’ITAA a plaidé pour une protection équivalente à celle des avocats, notamment dans le cadre de la directive DAC6, afin de préserver la confiance et la sécurité juridique.

Panel 3 – Technologie, IA et fiscalité indirecte
Le dernier panel, « Technologie, IA et fiscalité indirecte », avec Jane Mellor (CIOT, Royaume-Uni), Nicholas Devillers (BDO Luxembourg), Petra Pospíšilová (Chambre tchèque des conseillers fiscaux) et Jeremy Woolf (Pump Court, Royaume-Uni), s’est penché sur l’impact des outils d’IA et des systèmes de déclaration en temps réel (MOSS, IOSS, VIDA).
L’automatisation et l’IA transforment non seulement les processus, mais aussi le rôle du professionnel économique : en libérant du temps grâce à la suppression des tâches répétitives, elles permettent de se concentrer sur le conseil stratégique et l’accompagnement à forte valeur ajoutée. Ces évolutions soulèvent toutefois des questions éthiques, notamment en matière de protection des données fiscales et de responsabilité dans les décisions automatisées.

Un tournant pour la fiscalité européenne
Le CFE Tax Symposium 2025 a confirmé que la fiscalité européenne se trouve à un moment charnière. Entre ambitions de réforme internationale, exigences accrues de transparence et intégration accélérée des technologies, les professionnels économiques jouent un rôle de plus en plus actif dans la défense des contribuables, la garantie des normes professionnelles et l’accompagnement stratégique des entreprises.
Par sa participation active et ses positions claires, l’ITAA réaffirme son engagement à défendre les intérêts de ses membres, à promouvoir une fiscalité équitable et à protéger le secret professionnel. Dans un environnement fiscal complexe et en constante évolution, il est plus que jamais essentiel de conjuguer innovation, rigueur et indépendance.
Ce symposium n’a pas seulement été un moment de réflexion, mais aussi un signal fort : les défis sont nombreux, mais les opportunités le sont tout autant. L’ITAA continuera à porter la voix des professionnels belges au niveau européen – avec expertise, conviction et engagement.
Axelle Dekeyser